Il y a les jours de pluie. La lumière qui baisse, l’humidité persistante qui colle aux lunettes. La neige qui arrive tôt, fond et ne revient pas. Le vent qui fait tanguer.
Je ne sais pas comment j’ai fait, mais j’ai l’impression d’avoir loupé cet automne. Les lumières chatoyantes des feuilles, l’air sec et doux des jours pas encore trop raccourcis. Je cours après quelques rayons de soleil comme une âme en peine (et en manque de vitamine D). J’ai dû être une plante dans une autre vie, de vieux réflexes de photosynthèse, sûrement.
Heureusement, les petits bonheurs de l’automne sont bien là.
Les écureuils qui bondissent avec panache à l’assaut d’un noyer. Aucun fruit ne résistera à ces gourmands funambules. La blancheur de leur ventre n’a d’égal que le touffu de leur queue. Joyeux ballet qui transforme l’arbre en saule cogneur parcouru d’éclairs roux.
La nature. Valeur sûre de mon équilibre.
Ils sont arrivés là sans prévenir, je les regarde dérouler leur fines tiges coiffées d’un chapeau de doux pétales mauves. Rassemblés en bataillon ou solitaires, les cyclamens sauvages.
Parfois quelques airs de piano un peu tristes mais si beaux.
Et puis le biathlon reprend. La musique des balles qui font basculer les cibles, des skis un peu hésitants sur cette drôle de neige de printemps au mois de décembre. Le bip bip du portillon et le drapeau français qui ne cesse de truster les podiums. J’aurai 90 ans que le biathlon me fera toujours cet effet : la joie.
L’hiver arrive, sans doute.